Tu seras un homme féministe mon fils, Aurélia Blanc
Malgré un titre qui semble s’adresser aux parents, ce livre est tout à fait essentiel pour tout un chacun·e ! On réalise à quel point notre propre éducation est genrée, les influences invisibles présentes dès lors même que la mère porte son enfant.
L’autrice s’appuie d’ailleurs sur sa propre expérience de la maternité, qui l’a amené après l’annonce du sexe masculin de son bébé, à s’interroger sur la manière d’éduquer ce futur homme.
À cette époque, elle trouve d’ailleurs très peu de ressources et d’ouvrages se penchant sur les questions de masculinité. Elle raconte à travers des anecdotes vécues ses questionnements, ses paroles genrées qui lui sont adressées et qui lorsque l’on tend l’oreille, dérangent et désemparent, tant les affronter nous apparaît comme le combat de David contre Goliath.
Par où commencer lorsqu’on souhaite sortir des cases, alors que dès l’échographie, le médecin nous dit que si notre fils bouge beaucoup, c’est car il est énergique comme un vrai petit garçon. C’est une chose à laquelle je pense souvent, en atelier, mais jamais assez, et parfois, à ne pas vouloir brusquer les enfants, j’oublie de les faire réfléchir à leurs choix. Pourquoi parce que tu es une fille tu dois te cantonner à prendre un personnage de fille ? Pourquoi ris-tu lorsque ton camarade choisit du rose ? Pourquoi personne n’a choisi cette silhouette de femme ronde dans les différents modèles ? Pourquoi ton personnage ne peut-il pas porter des cheveux longs et du vernis sous prétexte que c’est un garçon ?
L’autrice raconte parfaitement à quel point il faut parfois lutter en silence, car relever le moindre mot et le moindre geste est épuisant, qu’on est malgré tout entouré (la plupart du temps) de personnes bien intentionnées, et à quel point nous mêmes, nous nous sommes surement déjà laissé emporter par des stéréotypes, des phrases toutes faites entendues mille fois.
“Les garçons aussi veulent des paillettes !”
Mais cela m’a aussi donné le courage de parfois ne plus lutter en silence. De prendre le temps de relever, de discuter, de questionner. D’ailleurs, les enfants sont pleins de (bonnes) surprises qui me redonnent espoir.
La semaine passé, lorsque ma nièce de 7 ans ouvrait son jouet kinder rose, tandis que son frère ouvrait son jouet orange, ils ont identifié le genre des personnages proposés par leur couleur (rose la maman, bleu le papa..). Pleine de provocation et reboostée par ma dernière lecture, je me suis alors lancée et ai dit à ma nièce « Peut-être que ce n’est pas du tout le cas, que le papa est en rose et la maman en bleu ? » et elle n’a pas attendu pour me rétorquer « C’est vrai, même une fois à l’école j’ai vu un papa avec un t-shirt rose ! De toute façon, toutes les couleurs sont pour tout le monde ! »
Comme quoi, les enfants d’aujourd’hui sont bien plus malins que les designers étriqués de jouets kinder, et cela me ravie grandement.