Non merci, pas d’enfant
Téléphone à la main, écouteurs vissés dans les oreilles et installée confortablement dans mon wagon, j’avais de longues heures de train devant moi. C’était le moment idéal pour écouter “Non merci pas d’enfant”, podcast de Manon Prigent, réalisé par Anne Fleury. Long de quatre épisodes (de presque une heure chacun), il est disponible sur France Culture, diffusé pour la première fois du 12 au 16 décembre pour LSD (La Série Documentaire).
Comme le résume si bien le site web, cette quadrilogie “donne à entendre des personnes qui ont fait le choix d’une vie sans enfant – célibataires ou en couple, militante, religieux, artistes, féministes, privilégiés ou précaires, – en situant leur parole dans une histoire longue.” C’est le fruit d’un travail de longue haleine, nourri par les témoignages de sociologues, historien.ne.s, démographes…
“Pas de futur, pas d’enfant. D’une Apocalypse à l’autre” est le premier épisode de cette quadrilogie. Interrogées par Manon Prigent, Marine Tesson, historienne de l’antiquité, et Danièle Hervieu-Léger, sociologue des religions, (pour ne citer qu’elles), nous ramènent aux temps des premiers chrétiens. Apeurés par la fin des Temps imminente, les Pères de l’Église dissuadaient les fidèles de procréer.
“Le choix et la contrainte” fait un bond dans le temps et revient aux XIXe et XXe siècles, où les trois-quarts des femmes qui abandonnaient leurs enfants étaient des domestiques ou des ouvrières. Basé sur la thèse de l’historien Antonin Rivière, le second podcast évoque la dépression économique d’alors, quand la contrainte financière expliquait la décision de ne pas garder son enfant.
“Changer d’avis… ou pas” et “Vieillir autrement” closent cette série de podcasts.
Tout au long des deux premiers épisodes, la comparaison entre passé et présent est subtilement amenée, quand les voix, de la sociologue à celle de la militante childfree, en passant par l’historien, s’entremêlent. J’ai aimé cette façon de mettre les récits sur un même pied d’égalité. D’autant que Manon Prigent nous offre maints témoignages, parfois divergents, qui s’opposent et se contredisent. Grande amatrice d’histoire, le podcast m’a passionnée et m’a beaucoup appris.
Malgré mon jeune âge (20 ans seulement), j’entends beaucoup parler du refus d’enfanter, que ce soit dans mon entourage, plus ou moins proche, ou bien dans les médias (Courrier international en avait fait sa une, il y a un an de cela). C’est pourquoi le podcast de Manon Prigent a attiré mon attention, d’autant qu’il ne se targue pas d’être purement militant, mais plutôt informatif et dédramatisant.
En somme, pour celles et ceux qui ont du temps devant eux, puisque quatre heures, c’est long, je vous l’accorde, je recommande le podcast “Non merci pas d’enfant” de Manon Prigent. Désormais, je retourne à mon téléphone et m’en vais écouter le troisième épisode.