J’ai découvert la Librairie Invisible à l’Autre Marché. J’ai très vite été attiré par l’étal de celle-ci, de par les couleurs et l’univers qui me parlait. En fouillant dans la sélection, j’ai découvert Capacity de Theo Ellsworth présenté par Martina. Pendant la lecture de celui-ci, je me suis convaincue de faire un article d’abord sur l’ouvrage mais aussi sur la librairie, ce qui m’a permis d’accéder à une mine d’or.
Cet article est une réécriture d’une interview de Martina, bénévole et fondatrice de la librairie invisible.
La librairie invisible est un projet qui a pour but de rendre visible les auteur.ices de la micro-édition et de l’édition indépendante, à travers une librairie itinérante.
Comment est née la librairie invisible ?
Le projet débute en 2016. En effet, Martina part en voyage à la suite d’une remise en question après l’obtention de son master en médiation culturelle à Nantes. Direction, l’Asie où elle fait la rencontre d’une femme allemande. Au cours d’une conversation, la question du “Qu’est-ce que j’aime dans la vie ?” est posée. Cette question fut donc un déclic pour Martina qui se demande alors ce qu’elle aime dans la vie : la littérature et le graphisme. À son retour en France elle se rend au salon du livre où elle rencontre les indépendants, ceux qui éditent sans grosses maisons d’édition. Ces derniers lui font remarquer leur invisibilité dans le monde de la littérature. Ce fut le deuxième déclic pour Martina qui s’est alors dit qu’elle voulait créer une librairie pour ces invisibles. Quelques mois plus tard, la librairie est créée et ce notamment grâce à l’association “hindi magma”.
Qu’est ce que ce projet ?
Cette association a pour vocation de valoriser la culture indépendante dans plusieurs domaines. Elle donne une structure juridique, elle paye les déplacements et achète les nouveaux ouvrages. Au début, Martina était la seule personne à faire partie du projet. Au fur et à mesure des ami.e.s s’y sont intéressé.e.s et une équipe s’est formée. Ce qui est important c’est que tout le monde soit bénévole pour ne pas subir une pression économique. Que chaque vente soit vue comme un partage plus qu’un rendu commercial. Comme cela il n’y a pas de rendement minimum et le projet peut avancer plus tranquillement. Les fonds reviennent donc à INDMAGMA qui rachète les livres et ainsi le cycle perdure.
Quelles sont les actions de la librairie?
Il y a deux temps dans les actions de la librairie invisible, la recherche d’ouvrage et la vente. On peut les trouver dans les squat, les festivals de la micro-édition. La recherche s’effectue toujours dans le monde réel. Les ouvrages ont tous en commun un mélange de texte et d’images, cela peut-être des fanzines, des bande-dessinées, ou des romans/revues dessinées. La provenance de l’édition des ouvrages est aussi un grand critère. En effet, regarder si le pays respecte les normes environnementales et les lois humaines sont des détails qui ont leur importance. Iels démarchent directement les éditeurs et si possible les auteur.ice.s eux-mêmes. Tous ces critères sont respectés pour correspondre aux valeurs du projet initial. Ainsi, en prenant contact directement avec l’éditeur, cela permet de savoir avec qui iels collaborent.
De plus, il est important de découvrir un livre en l’ayant directement dans les mains. Les ouvrages sont sélectionnés en France et en Europe, pour les pays étrangers l’ouvrage sera dans la langue d’origine. Enfin pour les ventes, on retrouve deux saisons, l’hiver et l’été. Pour la première (l”hivers), elle se résume à intervenir dans l’autre marché à Nantes sur une longue période. Pour l’été on est sur un autre format, la Librairie Invisible apparaît dans plusieurs festivals musicaux, de rue ou de plantes.
Est-ce que c’est de la médiation culturelle?
La médiation fait pleinement partie du projet. Le milieu indépendant et des fanzines est très inaccessible, entre les squats et le peu de festivals qui existent. Les rendre visibles au grand public doit se faire par une médiation. Dans les faits cela passe par la discussion, les débats, avec les lecteurs et ce par l’explication de ce qu’y est proposé. Comme pour la sérigraphie, il s’agit de bien expliquer son processus de création et quant aux livres, il s’agit de raconter sa conception, sa démarche, sa portée, son message. Dans les festivals, on trouve même des temps consacrés à la discussion d’un ouvrage.
Pour conclure j’ai vraiment trouvé cette conversation avec Martina passionnante. Cherchant moi-même ce que j’aime dans la vie et comment je vais la mener. Rencontrer des personnes qui ont des projets aussi inspirants me redonne confiance. Hormis cela, la sélection de la Librairie Invisble est complète, pleine de couleur, ouvrant sur des auteurs peu connu mais tout aussi talentueux. Je ne peux qu’être qu’élogieuse face à cela, je vous invite à aller les retrouver sur plusieurs festivals tout l’été, à l’autre Marché de Nantes ou encore à Crozon, au café associatif la Terrible, où Martina, s’investit dans un nouveau projet. Ce lieu associatif mêlant librairie invisible, résidence d’artiste et café a ouvert ses portes très récemment.