Le test de la poupée est une des séquences les plus fortes du documentaire « Noirs en France » puisque quand on demande à des petites filles noires quelle est leur poupée préférée, voici ce qu’elles répondent :
Ce test avait déjà été expérimenté dans les années 40 aux Etat-Unis afin d’évaluer le poids des stéréotypes raciaux sur l’inconscient des enfants. Ce test a été refait pour le documentaire et malgré le temps passé, les résultats restent les mêmes : les enfants noirs préfèrent jouer avec des poupées blanches. Cela est dû, nous explique le documentaire, aux images qui nous entourent ainsi qu’aux modèles proposés aux enfants qui valorisent principalement la beauté blanche et ses attributs : cheveux raides, peaux et yeux clairs…
Ce constat rejoint ce que j’observe en atelier, attristée et écoeurée de découvrir que presque systématiquement un.e enfant noir.e ou métisse représente avant tout des personnages dont la peau est colorée en rose ou beige. La question la plus crève-coeur m’a été posée plus d’une fois à l’occasion de séances autour des autoportraits : “est-ce que je suis obligée de faire ma peau marron et mes cheveux noir ?” C’est bien sûr l’occasion d’une discussion ensemble mais les séances sont beaucoup trop courtes et le point des idées reçues trop lourd pour leur permettre de comprendre que la beauté réside dans chaque singularité, qu’ils sont tou.tes beaux et belles et qu’il est indispensable pour eux de s’accepter et de s’aimer pour grandir en confiance.
Il y a donc encore beaucoup à faire pour les accompagner dans cette acceptation mais nous savons que les ateliers de médiation culturelle que nous menons peuvent y contribuer. Les œuvres observées et les activités proposées sont déjà un point de départ pour échanger et permettre à chacun.e d’exprimer son point de vue, ce qui aboutit parfois à des discussions profondes autour de sujets philosophiques : la tolérance, la différence, le beau… C’est aussi l’occasion pour nous de sortir des sentier battus en cherchant de nouveaux artistes autour desquels travailler, dont les origines ou la couleur de peau diffèrent de nos références habituelles afin d’offrir aux enfants des modèles aux parcours inspirants qui leur ressemblent davantage.